2024

Exposition

Presque un paysage

L’exposition présente deux visions plasticiennes de territoires.

Dans l’espace, les frontières de territoires délaissés, mis au ban du « grand paysage », mathieu Duvignaud explore les plis, les failles, les rivages d’endroits que la civilisation à priori rejette. La vase, matière dénigrée, malodorante, négligée, révèle sa beauté et son intérêt dans le traitement qu’il en fait. Biologiquement ultra riche, si intéressante dans les possibilités plastiques qu’elle offre, dans sa manipulation, et ce depuis sa collecte sur l’estran Rochelais ou dans ses marais jusqu’à sa mise en scène sous verre : Mathieu Duvignaud la transcende.

Ce « regard d’à côté » tend à rendre sa place à ces matières ou territoires qui ne font pas partie de la « civilisation » ou que celle-ci peut parfois rejeter, le hors les murs. C’est dans le mouvement, la transparence et le contraste entre sa lourdeur physique et sa légèreté qu’elle prend dans ses œuvres qu’il a trouvé une esthétique proche du vitrail dans ses travaux.

C’est le lien dans le mouvement et la fluidité de la matière qui a réuni Mathieu Duvignaud et Noarnito dans cette exploration du paysage.

L’encre suspendue dans l’eau et le mélange de l’huile sont prélevés sur des supports de papier, sur ces territoires colorés Noarnito travaille les possibilités du pochoir et de l’aérosol pour présenter des paysages sous-marins, présence et fragilité du corail dans le danger de leur disparition, leur effacement, leur blanchissement. La solastalgie est un concept mis au point par Glenn Albrecht pour décrire l’état de détresse profonde causé par le bouleversement d’un écosystème auquel on tient, qui nous échappe. C’est cette perte, cet évanouissement qui est exploré dans ces jardins coralliens entre flamboyance phosphorescente et grisaille brumeuse. La confrontation de l’image, recréation laborieuse faite à partir de trames de papiers découpés, la fluidité de l’encre , la fluorescence de la couleur approche ce danger imminent, sous-jacent de la dégradation du milieu sous-marin.

Les écoulements de matière vase chez Mathieu Duvignaud, les encres et la couleur avec Noarnito nous font approcher dans leur esthétique qui nous échappe cette émotion vis à vis des milieux fragiles.

Comment trouver une esthétique dans ces espaces et cette matière abandonnée, comment explorer un milieu en mutation jusqu’à son effacement, c’est ce que PRESQUE UN PAYSAGE nous propose de parcourir plastiquement dans cette exposition.

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1 IMMEUBLE, 1 OEUVRE